les violents de l'automne - Philippe Georget

Publié le par Jean Dewilde

les violents de l'automne - Philippe Georget

Après L’été tous les chats s’ennuient (Prix SNCF du Polar 2011 et Prix 2011du Premier Roman Policier de la ville de Lens) et Le paradoxe du cerf-volant (Prix Coup de Foudre des Vendanges Littéraires 2011), voici ma troisième rencontre avec l’auteur dont je peux vous dire qu’elle est exceptionnelle. Le terreau de l’intrigue plonge ses racines dans la guerre d’Algérie, une guerre dont une certaine France d’aujourd’hui a visiblement encore du mal à digérer les séquelles et retombées.

En deux chapitres brefs, Georget plante son intrigue. Le premier met en scène l’exécution d’un vieillard dans son appartement. Le meurtrier peint à l’encre noire sur une porte les trois lettres maudites et magiques : OAS. Dans le second, nous assistons aux funérailles d’un jeune homme, tué par un chauffard alors qu’il circulait sur son scooter. Deux événements qui se déroulent à Perpignan.

La brigade criminelle de Perpignan est chargée de l’enquête sur le meurtre du vieillard répondant au nom de Bernard Martinez, né en Algérie en 1934 et membre du cercle pieds-noirs de la ville. Quant à l’accident mortel dont la victime se prénomme Mathieu, le responsable de la section accidents du commissariat, le lieutenant Cardona a classé l’affaire. Et pourtant, Séverine, ami du jeune homme et fille du lieutenant Gilles Sebag, demande à son père de jeter un coup d’œil sur le dossier car la famille de Mathieu estime que certains éléments troublants n’ont pas été exploités.

La tension est grande à Perpignan d’autant que dans la foulée du meurtre de Martinez, la stèle des Fusillés, appelée aussi stèle de l’OAS est vandalisée. Beaucoup redoutent que l’assimilation entre OAS et pieds-noirs mène à de fâcheuses extrémités. Et la pression qui pèse sur les épaules du commissaire Castello et de son équipe est énorme.

Et quand un autre vieillard, André Roman, est retrouvé exécuté de deux balles dans son Audi en bord de mer entre Canet et Saint-Cyprien, les lettres OAS peintes à l’encre noir sur le plafond du véhicule, les doutes s’envolent. C’est bien la vengeance qui est le mobile de l’assassin, ce qui n’est pas de nature à rassurer les responsables de l’enquête. On a beau dire que la vengeance est un plat qui se mange froid, les enquêteurs se demandent légitimement pourquoi ces exécutions sont perpétrées cinquante ans après les événements qui ont ensanglanté l’Algérie. Et pour corser le tout, le lieutenant Gilles Sebag découvre que le tueur pourrait avoir un lien, très indirect, mais un lien quand même avec la mort de Mathieu.

En alternant les chapitres qui racontent l’enquête aujourd’hui à Perpignan, dans le Languedoc-Roussillon et au-delà de la frontière espagnole et les chapitres plus courts qui mettent en scène un mystérieux commando dans les années 1961 et 1962 en Algérie, l’auteur tisse sa toile, patiemment, semant chausse-trappes, pièges écueils et autres embûches dans les pattes des enquêteurs.

Le lecteur, lui, est assis le cul entre deux chaises, position inconfortable s’il en est mais qui est en l’occurrence la meilleure qui soit. Pile à mi-chemin entre les agissements d’un vieil homme revanchard et à la détermination infaillible et les tâtonnements de policiers peu familiers d’événements survenus en Algérie bien avant qu’ils voient le jour. Enquête délicate et complexe, d’autant que du temps, on ne leur en donne pas ou si peu, au commissaire Castello et ses hommes.

Comme à l’accoutumée serais-je tenté de dire, l’auteur campe des personnages d’une formidable épaisseur. Il nous confronte aussi à des faits dont l’horreur m’a pratiquement arraché des larmes de colère. Que dire de leurs auteurs ? L’homme est vraiment capable du pire, Philippe Georget ne s’érige pas en juge. Il faut dire que relater les faits est en soi largement suffisant.

Un polar de tout haut de gamme, une intrigue tirée au cordeau doublé d’un récit bouleversant. S’il n’y est pas encore, Georget rentre dans la cour des grands !

D’autres avis sont à lire, celui de Pierre de Blacknovel, de Pascal Kneuss de Passion-romans et de l’oncle Paul :

https://blacknovel1.wordpress.com/2014/10/19/les-violents-de-lautomne-de-philippe-georget-jigal/

http://passion-romans.over-blog.com/article-les-violents-de-l-automne-de-philippe-georget-111443542.html

http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/article-philippe-georget-les-violents-de-l-automne-108175194.html

Les violents de l’automne

Philippe Georget

Éditions Jigal 2013

Publié dans Le noir français

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J
Hé, mon ami Vincent, deux belles chroniques en perspective. Je dois, moi aussi, encore la rédiger. En fonction de l'ordre de parution, je mettrai ton lien sur ma chronique ou vice-versa. Amitiés.
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V
Je viens de terminer moi aussi "Du sang sur l'autel"... Du très bon! Ma chronique à suivre sous un jour ou deux... ou plus... ;)
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J
Mon ami Pierre,<br /> Effectivement, "Le paradoxe du cerf-volant" est un roman truffé d'émotion et nous aimons cela, non ?<br /> Amitiés.
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P
Salut Mon ami Jean Le Belge, ce roman est de mes préférés avec le Paradoxe. J'adore cet auteur, que je n'ai toujours pas rencontré ! Amitiés
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V
Mon bon Jean, que voilà une chronique alléchante sur un auteur que j'ai eu le loisir d'apprécier dans "Tendre comme les pierres". Ce titre ainsi que "Le paradoxe..." sont dans ma liste de souhaits... J'aime beaucoup cette maison d'édition, qui a pas mal de bons auteurs...<br /> Amitiés.
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J
"Tendres comme les pierres" n'est pas encore au programme. Je suis plutôt du genre instinctif dans mes choix, tout dépend de mon état d'esprit. En ce moment, je lis "Du sang sur l'autel" de Thomas H. Cook. Bon sang, ce type sait s'y prendre, il est fantastique. Chronique à suivre, bien sûr. Amitiés, Vince the Prince.