back up - Paul Colize
La première fois que j’ai rencontré Paul, c’était en mai 2010 chez lui à Waterloo. Il faisait superbe. Pendant deux heures, nous avons devisé au jardin sur la littérature policière et nous nous sommes découvert des goûts communs (George Pelecanos, William Lashner, Thierry Jonquet, Pierre Lemaître,...).
Paul m’a parlé de son projet sans m’en dévoiler les détails. Nous avons parlé musique, bien évidemment, musique pop/rock qui devait nourrir Back up.
Ma deuxième rencontre avec le géant de Waterloo eut lieu ce trois mars 2012 à La foire du Livre de Bruxelles. Paul dédicaçait Back up.
Je suis reparti avec mon trésor sous le bras. Une couverture magnifique. Un bel objet. Ce n’est qu’au mois de décembre que j’en ai « religieusement » entamé la lecture.
Paul m’avait bien dit qu’il aimait faire des recherches, rencontrer des personnes, aller sur des lieux qu’on retrouve dans le livre, se documenter de manière approfondie. Encore fallait-il mettre en musique toutes ces informations récoltées et glanées et les intégrer avec cohérence dans une intrigue policière.
Back up est un livre formidable. Par sa construction tout d’abord. Quel est cet homme renversé le onze février 2010 par un taxi à la gare du Midi ? Rien ne permet de l’identifier. D’autant qu’il est frappé du Locked-in syndrome et qu’il ne peut communiquer verbalement avec le corps médical.
Ailleurs, en Europe, quatre hommes vont mourir. Quatre musiciens rock.
Quel est le lien qui les unit à X-Midi ?
Le récit nous est conté en voix off par cet homme incapable de s’exprimer, cloué dans un lit et qui, petit à petit, va apprendre à communiquer par battements de cils avec Dominique, son kiné black.
Sur fond de guerre du Vietnam, d’une époque où quasi tout le monde se foutait en l’air en ingérant, sniffant, s’inoculant toutes les drogues possibles et imaginables, où le sexe se consommait comme un vulgaire joint, Paul nous livre une fresque fabuleuse de la musique et des musiciens pop/rock des années soixante. De Chuck Berry aux Beatles en passant par Jimi Hendrix, les Who, les Stones et bien d’autres. Passionnant !
Back up, c’est une onde de choc au travers de ses quelques quatre cents pages.
Loin de « Peace and Love », violence, noirceur et cynisme sont omniprésents. Un constat terrible aussi : comment une jeunesse entière pouvait se bousiller à coups d’acide, d’amphétamines, de coke et d’héroïne, le tout accompagné d’alcools durs. Effarant !
Paul nous parle aussi de lui et de sa jeunesse, je ne crois pas me tromper.
Ses petits boulots comme livreur de journaux, comme aide-magasinier dans les sous-sols du magasin de pièces de rechanges de l’importateur Peugeot ou comme barman dans une brasserie de la chaussée de Waterloo à Bruxelles. Il y en a bien d’autres, toutes chargées d’une émotion retenue.
Il nous parle avec pudeur de l’amour maternel, fort et pur. Le livre est dédié « A ma mère, qui savait si bien danser le rock’n’roll ».
Mais ne vous-y-fiez pas, Back up est un roman noir écrit avec une grande humanité, porté par une intrigue serrée et implacable, effrayante.
Au-delà de l’histoire proprement dite, vous y apprendrez, comme moi, je suppose, une foultitude de choses dont vous douterez de la réalité. En amorce de cette chronique, je vous ai dit que Paul aimait se documenter. Pour les plus sceptiques et les plus curieux d’entre vous, allez vérifier à votre guise. Je suis certain que Paul serait heureux de cette démarche.
Une question reste sans réponse mais elle n’a guère d’importance. Comment cette intrigue lui est-elle venue ? Si je me pose la question, c’est tout simplement parce qu’elle est d’une grande originalité.
Pour celles et ceux qui n’auraient pas encore eu l’occasion de lire Back up, n’hésitez pas un instant, c’est un roman exemplaire. Et je termine l’année 2012 avec Back up, authentique coup de cœur
Come back, Paul !
Back up
Paul Colize
La manufacture de livres
425 pages