C'est dans la boîte - Frédéric Ernotte
Il eût été criminel et j’aurais eu très mauvaise conscience de ne point vous parler du premier roman de mon compatriote Frédéric Ernotte ; non, Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs, je ne connais pas Frédéric Ernotte, jamais rencontré. Il va jusqu’à ignorer mon existence, le bougre.
Et comme si cela ne suffisait pas, je dois de ne le connaître que par procuration ; en effet, c’est mon ami à moi, le bien nommé Pierre Faverolle qui m’a fait découvrir cet auteur belge.
Ce premier roman qui est aussi un polar tranche par l’originalité de son intrigue.
Original n’est pas un label de qualité mais dans le cas présent, oui et encore oui.
Où diable ce diablotin a-t-il été dégoté cette idée de génie ? Et, par Belzébuth, l’idée, c’est une chose mais comment a-t-il réussi à maîtriser l’enthousiasme qui a dû naître en lui pour nous livrer cette intrigue dans laquelle on entre de plain- pied et dont on sort, penauds, contrits et frustrés.
Vous n’en pouvez plus de ne pas savoir ? Et moi de ne rien vous dire ? Allons-y.
Jeff Marnier est inspecteur, un excellent inspecteur. Il est accroc à des vétilles (solitude, vodka) et depuis peu…à un site Internet, « La boîte noire ». Un repère de flics qui égrènent leurs affaires sous des pseudos ridicules. Il en oublie d’aller dormir. Une nuit, il vient de s’étendre et de sombrer, son téléphone portable vibre. Mauvaise nouvelle ? Absolument. Un tueur de flics rôde. Où ? Place des Chasseurs ardennais. Jeff se rend sur place, l’horreur absolue, un carnage sans nom. Quatre agents et deux ambulanciers sont morts dans l’explosion. Quelle explosion ? Le corps L’inspecteur Catherine Feiyan a été vidé et le tueur y a placé les explosifs.
C’en est trop pour Jeff. L’enquête sur le tueur aux piercings est au point mort, maintenant, Catherine…volatilisée. Il a besoin de prendre le large quelques jours. Et l’occasion se présente sur «La boîte noire ». Une invitation y est lancée : « La ronde des boîtes ». Qu’est-ce ? Huit membres du site sont conviés à passer du virtuel à la réalité, l’espace d’une nuit, dans un bled des Ardennes belges à l’écart de tout. Chaque participant devra apporter une boîte à chaussures contenant cinq indices relatifs à une affaire élucidée ou non. Et, cela va de soi, cette soirée n’aura jamais eu lieu.
Un huit clos, c’est le cas de le dire, dans les forêts ardennaises balayées par le vent, la pluie et le froid.
Si un jour quelqu’un venait à me demander si j’ai lu « C’est dans la boîte » de Frédéric Ernotte, je n’aurai pas à fouiller dans les tréfonds de ma mémoire. D’un air dédaigneux, je toiserais ce cuistre en songeant : mais il me prend pour qui, cet ignare ?
Non content de nous livrer cette intrigue remarquable, l’auteur y ajoute son sens de l’humour, très noir évidemment. On ne rigole pas dans cette folle ronde des boîtes et j’ai du mal à regarder la boîte à chaussures au couvercle fermé qui se trouve dans la pièce où je tape cette chronique. Nan, je ne l’ouvrirai pas aujourd’hui, na !
J’entends souvent dire d’un jeune joueur de football talentueux : il n’a que 22 ans et il a une grande marge de progression. C’est tout pareil pour Frédéric Ernotte. Il doit soigner davantage certains dialogues, remarques et commentaires des participants à cette nuit de dingues. C’est d’autant plus vrai que son écriture est fluide, imagée et tellement agréable à l’œil.
« C’est dans la boîte » est un polar ni trop long, ni trop court, bien balancé et joliment construit. Vivement le prochain !
Quelques informations sur l’auteur sur la quatrième de couverture. Frédéric Ernotte est né à Namur le 28 janvier 1982. Assistant social et journaliste de formation, ce jeune écrivain est un véritable touche-à-tout.
C’est dans la boîte est son premier roman. Il est également à l’origine du blog Journal d’un Workaholic, un espace virtuel où il dissèque notre quotidien sous la loupe d’un bourreau de travail.
C’est dans la boîte
Frédéric Ernotte
Avant-Propos
Maison d’édition
252 pages