L'ange noir de John Connolly - chronique

Publié le par jackisbackagain

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Mes biens chers soeurs, mes biens chers frères,

 

Je me demande si je ne présente pas le profil du parfait martyr. En effet, j'ai subi des pressions insoutenables venues des quatre coins du monde, d'horizons lointains dont je ne soupçonnais pas même l'existence. J'ai même reçu des mails des autorités nord-coréennes auxquels je n'ai absolument rien compris mais suffisamment pour réaliser que je n'avais d'autre choix que de créer un blog: c'était ça ou la mort.

Je vois, à présent, que je suis seul responsable des propos publiés sur mon blog. A bien y réfléchir, c'est logique mais comme j'écris tellement de conneries, même quand je me contrôle, cela fait peur..

 

J'ai choisi de vous proposer la chronique que j'avais publiée sur le blog de Pierre, qui m'avait très gentillement invité.

Il s'agissait de "L'ange noir" de John Connolly. J'avais pensé, dans un premier temps, vous coller sous les yeux ma chronique sur "Les anges déchus" de Gunnar Staalesen mais comme il s'agit d'une lecture collective proposée par Pierre, elle paraîtra sur son blog et pas le mien, juste retour des choses.

 

Allez, c'est parti !

 

 

Un ami polardeux m’a dit : « ce n’est pas le meilleur de Connolly ». Je le crois sur parole.

En réalité, la quatrième de couverture résume les deux cents premières pages du livre qui en compte près de six cents et le prologue donne le ton global de l’ouvrage.

 

Si la lecture du prologue ne vous botte pas, n’allez pas plus loin. Cette recommandation tout à fait subjective s’adresse à un lectorat peu friand de fantastique. Je me suis baladé avec grand plaisir jusqu’à la page 197, qui commence comme suit : « La petite ville de Sedlec se trouve à une cinquantaine kilomètres de Prague. Rebuté par des faubourgs mornes, le voyageur sans curiosité ne daignera peut-être pas y faire halte… ».

 

Choc et choix : soit je refermais le livre sans autre forme de procès, soit je me plongeais dans l’histoire du Royaume de Bohême en plein Moyen Age et j’apprenais pas mal de choses jamais dispensées sur les bancs de l’école.

J’ai pris soin de vérifier la véracité de ce qui m’était conté ; je me suis familiarisé avec un vocabulaire qui ne fait pas vraiment partie de mon patrimoine verbal quotidien (ossuaire, ostensoir, brigantine, tassette, église conventuelle…) et me suis intéressé de près aux frères lais, aux guères hussites, au livre d’Enoch, aux anges déchus, aux Croyants et je vous épargne.

 

Bien m’en prit car si vous escamotez ces pans d’histoire et il y en a plusieurs, vous ne comprendrez plus rien à l’intrigue. Il est entendu que Connolly ne les a pas écrits pour allonger bêtement son ouvrage, ils ont tous leur raison d’être et sont indispensables à la compréhension du roman, déjà rendue difficile par une pléthore de personnages brossés grossièrement, des caricatures. Renoncez à vous identifier à un personnage ou éprouver sympathie ou dégoût pour un autre, c’est hors de propos sauf si vous lisez sous l’influence

de substances hallucinogènes ou psychotropes ou si vous avez des penchants pour les moines cisterciens.

 

Dans les remerciements adressés par l’auteur, je vous livre ceci : « l’arrière-plan historique de ce roman est fondé pour l’essentiel sur des faits, et les monastères mentionnés existent bel et bien. En particulier, l’ossuaire de Sedlec est très proche de celui que je décris dans le livre, même s’il est beaucoup plus impressionnant. Les lecteurs intéressés peuvent en faire une visite virtuelle en consultant mon site web (www ;johnconnolly.co.uk). Cela étant, si vous avez la chance de vous trouver en République tchèque, Sedlec mérite vraiment la visite ».

 

Pour celles et ceux qui ont une envie soudaine de faire un minitrip, voilà une destination inattendue et pleine d’attraits.

 

Pour ma part, le cocktail fait d’un gros doigt d’enquête policière classique, d’une louche de fantastique et d’une marmite d’ésotérisme est particulièrement indigeste, à tel point que l’intrigue perd toute épaisseur, s’effiloche et se désagrège au fil des pages ; quant aux personnages, ils perdent toute consistance.

 

Je serais de mauvaise foi en omettant de dire que l’écriture de Connolly est très agréable, il excelle dans des descriptions de lieux et d’endroits que j’ai relus tant c’était bien écrit ; il me semble moins à l’aise dans les dialogues, du moins ceux-ci sont de qualité inégale.

 

Vous vous demanderez sans doute pourquoi j’ai été jusqu’au bout de L’ange noir. Malgré toutes les réserves émises ci-dessus, Connolly a cependant réussi à me mettre (très) mal à l’aise. Il est incontestablement fort, très fort pour créer une atmosphère glauque, étrange, pesante, anxiogène. Je ne sais pour quelle raison il s’est intéressé et passionné pour cette région d’Europe (la Bohême en république tchèque) en plein Moyen Age mais son souci de se documenter de manière aussi exhaustive rend le roman intéressant, du point de vue historique.

Si un jour, mes pas me conduisent là-bas, nul doute que j’irai visiter l’ossuaire de Sedlec en pensant à cet auteur talentueux et ambitieux, deux qualités que lui reconnais spontanément.

 

 

Publié dans Le noir irlandais

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L
ah oui !!! très bon article !!! Mais aussi très bon choix de couleur pour ton blog Jean j'aime beaucoup !!
Répondre
J
<br /> <br /> Merci à toi, La petite souris, je vais retravailler le design et le rendre plus lisible et attrayant; pour cela, je dois kidnapper quelqu'un(e).<br /> <br /> <br /> <br />