Le projet Bleiberg - David S. Khara
Christina m’a très gentiment prêté ce thriller et j’ai été conquis, autant vous le dire d’emblée. La quatrième de couverture vaut ce qu’elle vaut et je vous la livre tel quel :
« Depuis hier, je ne suis plus aussi sûr d’avoir envie de crever, du moins, pas avant d’avoir tiré cette histoire au
clair. Et en plus, j’ai de la monnaie à rendre. »
1942. Pologne. Camp de Stutthof. Le chef suprême de la SS rencontre secrètement le scientifique en charge du plus
important projet du 3e Reich.
De nos jours. États-Unis.
Jay Novacek, jeune trader new-yorkais, dépressif et alcoolique, reçoit la visite de deux émissaires de l’armée. Son père, haut gradé de l’US Air Force, vient d’être assassiné. Aussitôt, la C.I.A.
dépêche une pétillante recrue pour protéger le fils du défunt.
Au même moment, près de la base de Langley en Virginie, un agent du Mossad abat un espion à l’issue d’un interrogatoire musclé. Muni de nouvelles informations, il se rend vers son prochain
objectif : un certain Jay Novacek.
Venue des heures les plus sombres de l’Histoire, une terrible machination se met en branle, menaçant l’humanité tout entière.
N’est-il pas déjà trop tard pour l’arrêter ?
Je ne suis pas du tout amateur de roman d’espionnage et « Le projet Bleiberg » n’en est pas un. Il est bien plus que cela. De vrais morceaux d’histoire, un peu comme on peut lire sur les emballages de yaourts « avec de vrais morceaux de fruits ». Je n’ai jamais compris cette connerie. Après cette digression laitière, je reviens à ces vrais morceaux d’histoire que l’auteur intègre avec un immense brio et une belle maîtrise dans ce roman d’action. Pour ne pas trop dévoiler, j’en ai choisi deux pas du tout au hasard.
Le premier relate la visite du soi-disant duc d’Hamilton à Rudolf Hess, incarcéré à la Tour de Londres en mai 1941. Le nazi, convaincu qu’il allait recouvrer sans tarder la liberté en échange d’informations d’importance, se fait magistralement entubé par son interlocuteur. En 1946, il sera jugé au procès de Nuremberg et condamné à la réclusion à perpétuité. En août 1987, ses gardiens le retrouvèrent pendu dans sa cellule de la prison de Spandau, à Berlin-Ouest. Il avait 93 ans. Chienne de vie. D’autant que tous ses écrits rédigés pendant sa captivité furent brûlés.
S’il l’aurait su, l’aurait pas écrit. N’empêche, ce devait être un beau grand brasier, vous pensez, après toutes ces années !
Le second nous plonge dans Varsovie et son ghetto. Je ne veux rien écrire sur cette monstruosité tant mes propos seraient vides. Je garde en mémoire le film « Le pianiste » réalisé en 2002 par Roman Polanski. Horreur, dégoût, écœurement.
Comme le dit l’auteur, Le projet Bleiberg est une œuvre de fiction adossée à des éléments historiques. Je l’ai écrit plus haut, il s’agit d’un roman d’action qui se lit très facilement en s’appuyant sur des moments de l’Histoire. Bel équilibre, belle écriture, je vois bien une adaptation cinématographique de cet ouvrage.
J’allais oublier : le périple très mouvementé du trio constitué du trader new-yorkais, de l’agent féminin de la CIA et de l’agent du Mossad se termine en fanfare et en Belgique, plus précisément dans une petite bourgade flamande : Zaventem. Un cul de jatte privé de son fauteuil roulant en fait le tour en quinze petites minutes. La petite touche sympa ! Le final n’est pas le point fort du roman mais on s’en fout. La couverture du livre est à l’image du contenu : une réussite.
Le projet Bleiberg
David S. Khara
Éditions Critic
260 pages