Tuer Johnny Fry - Walter Mosley
Titre original : Killing Johnny Fry
Ils ne doivent pas être légion celles et ceux qui ont lu cet opus de Walter Mosley.
Ce livre est très largement abordable (mais non, je ne parle pas du prix !), je dis qu’il est accessible à tout un chacun, vertébré ou invertébré, tant l’intrigue est mince. Voici :
« Lorsque Cordell Carmel surprend sa petite amie dans les bras d’un autre homme, l’existence paisible de ce quadragénaire new-yorkais prend un tour dramatique. Il démissionne, se met à boire, suit une mystérieuse égérie qui l’entraîne sur les chemins du plaisir et…fomente le meurtre de Johnny Fry. »
Comme je vous sais malins, vous aurez deviné que la petite amie est dans les bras de…de qui ? Mais de Johnny Fry, bien sûr. D’où le titre, trouvaille admirable.
Ce qu’on en dit sur la quatrième de couverture est absolument indispensable à la compréhension de la suite de mon exposé.
« Un roman décapant, formidablement juste, qui explore, au fil d’une odyssée sexuelle irrésistible, la question toujours dérangeante de la quête de soi ».
Je pense qu’une erreur s’est glissée et qu’il faut lire « …la question toujours dérangeante de la quéquette à soi ».
Parce qu’il ne faut pas s’y tromper, Vous êtes aux premières loges d’une partouze de quelque trois cents pages. Et là, je vous vois venir avec vos petits yeux lubriques et la question qui vous brûle les lèvres : Tu l’as lu jusqu’au bout, Jean ?
Eh bien, la réponse est oui. Je voulais quand même savoir ce que c’était que de partir à la quête de moi. En refermant le livre, je pense qu’il y a d’autres moyens pour y parvenir.
En réalité, Cordell ne trouve pas sa petite amie dans les bras d’un homme, ce serait trop prude. J’hésite à vous livrer l’extrait où Cordell acte la trahison de la femme qu’il aime mais pourquoi pas, après tout ? Ce n’est pas moi qui l’ai écrit, nom d’une pipe ! Accrochez-vous !
« Elle était au sol, à plat ventre, et Fry rôdait derrière elle, en bougeant lentement son bassin. A chaque poussée, son engin rouge* sondait un peu plus loin le rectum de Joëlle… « ». « …Elle hochait fébrilement la tête en disant : Oui, oui. Oh oui, papa ! ».
· Ndl : ce salopard de Fry porte une capote rouge, ce qui énerve Cordell.
Alors, mauvaise pioche ? Assurément. En toute honnêteté, j’espérais que les galipettes, frivolités, contorsions du membre et autres facéties allaient s’estomper pour céder en filigrane la place à une réflexion sur les raisons qui poussent hommes et femmes à une sexualité à ce point débridée qu’elle devient le centre de leur existence. Mais non. Autre possibilité, je n’y ai rien entendu.
J’aurais dû avoir la puce à l’oreille, j’aurais dû me méfier puisqu’il est aussi écrit sur la quatrième de couverture que la renommée de Mosley s’est accrue quand Bill Clinton, amateur de romans policiers, l’a désigné comme son auteur favori. Cela ne s’invente pas.
Mais il serait carrément injuste de résumer l’œuvre de Walter Mosley à ce seul livre.
Pour ma part, j’ai lu Le diable en robe bleue et Papillon blanc, deux excellents polars mettant en scène le héros récurrent de Mosley, le détective privé noir Ezéchiel (Easy) Rawlins. Mosley lui a consacré huit polars. Le diable en robe bleue a été adapté au cinéma en 1995 (réalisateur : Carl Franklin et dans le rôle principal Denzel Washington).
Tuer Johnny Fry
Walter Mosley
Editions Michel Lafon
305 pages