Une femme seule - Marie Vindy
Une excellente surprise en ce début d’année. « Une femme seule » m’a tout simplement ravi.
Le meurtre par strangulation d’une jeune fille de vingt ans dans la propriété d’une romancière de renom, Marianne Gil – nom de plume, Marianne Nelson. Son ami Joe a découvert le corps sans vie derrière les granges. Qui est-elle ? Que faisait-elle au lieu- dit de l’Ermitage au mois de janvier en plein hiver ?
Ils préviennent les autorités. Le capitaine Francis Humbert, divorcé, est chargé de diriger les opérations.
Ce roman est passionnant par bien des aspects. Le démarrage de l’enquête est très laborieux tant les éléments dont disposent les enquêteurs sont minces.
L’auteur nous plonge brillamment dans les arcanes d’une enquête policière. Émettre des hypothèses, ouvrir des portes, même les plus insignifiantes, entendre des témoins par dizaines, réentendre ces mêmes témoins au fur et à mesure que les investigations progressent, rédiger des procès-verbaux, confronter, mener des perquisitions, faire le point régulièrement. Fermer les portes. Sans oublier le travail minutieux des techniciens en identification criminelle. Un travail de dingue. Épuisement, découragement, tensions, manque de sommeil, l’obligation de progresser, les journalistes guettent, s’impatientent, mettent la pression. Une description en tous points remarquables du travail de la gendarmerie.
Je vous rassure, aucune lourdeur dans le récit, que du contraire. On dirait que l’intrigue possède son propre régime de croisière. Une excellente intrigue au demeurant qui pourrait s’ancrer de manière très crédible dans la réalité ; une bonne intrigue, c’est bien mais quid des personnages ?
Le tandem – Marianne Gil/Francis Humbert – est formidable. Elle, en proie à ses tourments, ses angoisses ; lui, tiraillé entre ses sentiments et son devoir de directeur d’enquête. L’auteur n’a pas sacrifié les nombreux protagonistes qu’elle nous fait rencontrer au fur et à mesure de l’enquête. Que ce soit le second d’Humbert, Alexandre Ladro, surnommé « Le Grand », un mètre quatre vingt-quinze, ça compte ou la meilleure amie de Marianne, Sylvie, un sacré tempérament, tous sont admirablement campés.
Et puis, il y a le décor, cette immense propriété balayée par les vents, la pluie et la neige, les journées courtes, les nuits interminables ; seule présence animale, les chevaux, une quasi thérapie pour Marianne.
Je sens que vous allez me demander : « Jean, où sont les points faibles de ce roman ? ». Pour vous faire plaisir, je vous répondrai, quelques naïvetés dans l’écriture mais loin d’être un moins, cela rend le roman d’autant plus attachant.
J’espère sincèrement que Marie Vindy sorte un deuxième roman du même tonneau dans pas trop longtemps.Pour ma part, j’attendrai avec patience.
Une femme seule
Marie Vindy
Fayard Noir 2012
398 pages