Et si Notre-Dame la nuit...
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C’est un premier roman…Vous avez bien lu : c’est un premier roman…
A ce stade précoce, vous êtes censés arquer un sourcil et vous pouvez choisir le droit, le gauche et même les deux. Pourquoi écrit-il deux fois que c’est un premier roman ? Ne perdons pas de temps, voulez-vous ? La réponse est : parce que cela n’a pas l’air d’être un premier roman, voilà pourquoi. C’est avec une aisance remarquable que l’auteure nous balade de bout en bout au travers d’une intrigue originale, sans temps mort.
« Après le cou, ce qui l'émouvait le plus chez une femme, c'était le poignet, alors il se pencha vers la femme inconnue, effleura ses veines qui ne battaient plus et lui fit la promesse muette que justice serait faite." Il s'appelle Chrétien, pourtant il se dit "mécréant, tendance bouddhiste". Flic, fraîchement divorcé, il en est proie à une sorte de nervosité - il vient d'arrêter de fumer - mais pas seulement. Il pressent un malheur imminent qui ne tarde pas à survenir : neuf des plus belles statues de Notre-Dame de Paris sont décapitées ; puis, très vite, une jeune femme. La première d'une longue série... L'enquête que mène le commissaire Bompard l'amène au sentiment qu'il est intimement mêlé à cette affaire. De quelle manière ? Ses doutes se confirment quand le meurtrier le menace dans ce qu'il a de plus cher : son ex, Mathilde. »
Il y a chez le commissaire Chrétien Bompard des traits de caractère et des comportements qui m’ont fait immédiatement penser à Jean-Baptiste Adamsberg, le commissaire récurrent des rompols jubilatoires de Fred Vargas. Un esprit hautement intuitif, un besoin impérieux d’être seul et de préférence en marchant pour tenter de sortir de son cerveau en ébullition quelque élément susceptible de faire progresser l’enquête.
Sur les scènes de crime, il peut faire montre d’une attitude en totale inadéquation avec les circonstances, avec pour effet de désarçonner ses deux lieutenants, Mathieu Piquet-Lamotte, que tout le monde appelle Grenelle et Frédéric Machnel, surnommé Match Nul dans les jours de grand désarroi. Ces deux-là vouent une admiration sans borne à l’égard de leur commissaire, pourtant agaçant parfois tant il est imprévisible.
L’humour est présent en filigrane tout au long de cette première enquête de Chrétien Bompard, un humour fin, subtil qui donne une coloration franchement réjouissante à l’ensemble et qui apporte de façon incontestable une valeur ajoutée à une enquête bien ficelée. J’aime quand le noir et l’humour s’emmêlent subrepticement.
Je salue aussi le sens de l’observation de l’auteure qui se traduit par une grande justesse dans les dialogues et une précision impeccable dans les descriptions. Ça sonne bien, ça sonne juste, jamais trop ni trop peu, un bel équilibre, un savant dosage.
Et puis il y a ce grain de folie, cette audace dans l’intrigue et sa résolution qui font de « Et si Notre-Dame la nuit » un polar très attachant et de haute tenue.
Je retrouverai Chrétien, Grenelle et Machnelle avec le plus grand des plaisirs. Si je vous le recommande ? A Bruxelles, on dit « Ah non peut-être ! », traduisez « oui, certainement ».
Et si Notre-Dame la nuit...
Catherine Bessonart
Éditions de l’Aube 2013
286 pages