Avis de décès – Zhou Haohui – Éditions Sonatine (juin 2019)

Publié le par Jean Dewilde

 

J’ai commencé la lecture de ce thriller chinois, premier volet d’une trilogie, avec un réel enthousiasme. Quelques chroniques élogieuses et une quatrième de couverture excitante m’avaient conditionné positivement. Référence est aussi faite à Seven pour l’atmosphère, le tueur, quant à lui, est comparé à Keyzer Söze dans Usual Suspects. N’en jetez plus, la coupe est pleine, avec un tel cv, cet Avis de décès avait tout pour me séduire.

18 avril 1984. Une série de meurtres inexpliqués dans la ville de Chengdu, incite la police à mettre sur pied une unité spéciale, la 4/18. Parmi ses membres, Zheng Haoming, un flic d’élite et Pei Tao, major de l’académie de police. Échouant à trouver le coupable, l’unité est dissoute.
Vingt-deux ans plus tard, Zheng Haoming est toujours obsédé par cette affaire. Mais au moment où il pense enfin tenir un indice majeur, il est assassiné. L’Unité 4/18 renaît alors de ses cendres. C’est le début d’un jeu du chat et de la souris avec un tueur aussi intelligent qu’insaisissable.

Les cent quatre-vingts premières pages m’ont bluffé, à commencer par le prologue, glaçant et d’une totale efficacité.

Ne te souviens-tu pas de moi, élève 8102 ?

Une fois l’ouverture terminée, le premier acte doit commencer.

Et l’ouverture remonte à bien trop longtemps…Mais le jour est enfin venu.

J’ai du mal à contenir mon excitation quand je pense au bal splendide qui s’annonce. Veux-tu danser avec moi, mon vieil ami ? Je sais que tu n’as que trop attendu.

Je te vois lisant cette lettre. Tu frissonnes d’expectative, n’est-ce pas ? Ton sang bouillonne, et une pression irrésistible enfle en toi. C’est pareil pour moi.

Je sens l’odeur de ton impatience. De ta colère. Et même de ta peur.

Dépêche-toi. Je t’attends.

Pendant ces cent quatre-vingts premières pages, j’ai eu l’impression de tenir entre mes mains, non pas quelque chose d’inédit et de neuf, mais un bouquin drôlement bien torché, des personnages solides, une intrigue accrocheuse, le tout baignant dans une atmosphère anxiogène, tendue et carrément flippante.

Ensuite l’intuition, il n’y a pas que les enquêteurs qui en sont pourvus, que ça n’allait pas le faire sur la longueur et que le point culminant du récit avait été atteint, bien trop tôt avant la fin. Effectivement, la tension retombe au fur et à mesure que l’auteur n’en finit plus d’inventer des situations abracadabrantesques chères à Jacques Chirac. Les Experts s’invitent aussi et ce n’est pas forcément une bonne chose.

Je me suis accroché - j’avais quand même envie de connaître le fin mot de cette intrigue – mais je n’ai plus vraiment réussi à retrouver mon intérêt initial. L’auteur a beau essayer de relancer la machine, le lecteur n’est pas idiot. Quand les ficelles deviennent des haubans, c’est que quelque chose ne va pas. La scène finale de ce premier volet est tellement délirante que j’émets de grandes craintes pour les deuxième et troisième volumes.

Sur la quatrième de couverture, on peut lire également : « L’auteur nous offre, en outre, un portrait de la société chinoise contemporaine inattendu et passionnant ». Alors, là, j’ai cherché et je n’ai rien trouvé. Regrettables, ces ajouts gratuits de l’éditeur ; quand y a pas, y a pas.

Il est à noter que la traduction française du texte chinois a été établie à partir de la version anglaise par Hubert Tézenas. Traduction fluide et homogène, rien à dire à ce niveau-là.

J’avais même préparé ma lecture en allant piocher sur la toile quelques informations sur Chengdu, une mégalopole de près de 14 millions d’habitants. Ce n’était vraiment pas indispensable.

Allez, je termine cette chronique dithyrambique avec quelques infos sur l’auteur : Zhou Haohui est né en 1977, il est aujourd’hui considéré comme un des auteurs majeurs de romans à suspense en Chine. Diplômé en ingénierie, il a écrit plus d’une dizaine de romans qui explorent la nature humaine, et les ressorts psychologiques criminels.

Il était professeur à l’université lorsqu’il a publié en ligne ses premiers romans, dont le succès a été immédiat. Son travail a été traduit en Français, en Anglais, en Coréen, et en Japonais. Nombreux sont les romans de Zhou Haohui qui ont été adaptés au cinéma ou sur le petit écran.
Zhou Haohui vit à Yangzhou, dans la province du Jiangsu, en Chine.

Et pour la route, je vous mets le lien vers la chronique de la très exigeante Lau Lo du blog Évadez-moi : http://www.evadez-moi.com/archives/2019/07/08/37486785.html. Elle a aimé et dit pourquoi.

 

Quatrième de couverture

18 avril 1984. Une série de meurtres inexpliqués dans la ville de Chengdu, incite la police à mettre sur pied une unité spéciale, la 4/18. Parmi ses membres, Zheng Haoming, un flic d'élite et Pei Tao, major de l'académie de police. Échouant à trouver le coupable, l'unité est dissoute.
Vingt-deux ans plus tard, Zheng Haoming est toujours obsédé par cette affaire. Mais au moment où il pense enfin tenir un indice majeur, il est assassiné. L'Unité 4/18 renaît alors de ses cendres. C'est le début d'un jeu du chat et de la souris avec un tueur aussi intelligent qu'insaisissable.

 

Avis de décès

Zhou Haoui

Éditions Sonatine (juin 2019)
 

Publié dans Le noir chinois

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