La morte des tourbières - Jean-Louis Nogaro

Publié le par Jean

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Tous mes remerciements vont à Jean-Louis Nogaro pour m’avoir donné à lire son dernier polar « La morte des tourbières ».

 

J’avais lu une chronique résolument dévastatrice qui dépassait les limites de la correction. Mais l’auteur est à mon sens quelqu’un de foncièrement gentil, à l’esprit grand ouvert et qui tient compte des commentaires et critiques qui lui sont renvoyés. Je n’ai donc eu aucune crainte à faire part à Jean-Louis de mes impressions.

 

De quoi est-il question ? Ludovic Mermoz, jeune étudiant en école de journalisme de Strasbourg, est contacté par une société chargée, en cas de décès, de retrouver des héritiers éventuels. Et il apprend ainsi que sa tante, la sœur de son père, est décédée. Il ignorait que son père, lui aussi, est mort. Pas de quoi l’attrister, il ne connaissait pas l’existence de cette tante et quant à son père, il s’est barré quand Ludovic avait huit ans. Sa mère, quant à elle, a été emportée par une sale maladie. De quoi hérite-t-il ? De la maison de sa tante, Viviane Sallarue, située à Latourbière-sous-Pilat, un bled paumé du Massif central.

Et encore, la maison ne se trouve pas au cœur du village mais au lieu-dit Les Gueyes. Deux maisons, celle de sa tante et celle du Lyonnais, personnage aussi violent qu’antipathique.

 

On ne sait trop de quoi sa tante est morte ; elle a été retrouvée, son visage baignant dans la sphaigne, par des élèves en excursion scolaire. D’après le toubib qui l’a examinée, elle serait tombée et étourdie par le choc, se serait noyée comme en témoigne la présence d’eau dans ses poumons.

 

Ludovic est convaincu que sa tante a été assassinée et fait vœu de trouver le coupable. Il s’installe dans la maison. Son arrivée est mal perçue par les villageois qui voient d’un mauvais œil cet étranger d’autant que c’est un étranger venu fouiner et on n’aime pas ça, à Latourbière-sous-Pilat.

 

Il y a des choses étranges dans ce bled ; toute la vie sociale y est concentrée sur le basket et les majorettes. L’Étoile rouge de Latourbière est le nom de l’équipe de basket, pas moins…L’équipe a connu ses heures de gloire au début des années 1990. En 1989 Le village avait accueilli à bras ouverts le couple Balvirescu qui avait fui la dictature de Ceausescu et surtout leurs trois fils âgés à l’époque de quinze, seize et dix-sept ans, des as de la balle orange.

 

Et les majorettes, vous aimeriez en savoir plus ? Je ne vous dirai rien sinon que le club de majorettes était dirigé d’une main de fer par la tante de Ludovic. Pas mal de sponsors avaient contribué à sa fantastique notoriété, bien au-delà des frontières de l’Hexagone. En échange de petites faveurs… ?

 

Même dans ce trou, Ludovic parvient à se faire des amis : Yvon Ben Ouassil, dit Le Djerbien, qui connaît tout Khalil Gibran, son clébard Ghriba et Lola, qui a repris en main les majos à la mort de sa tante.

 

Il se passe bien des événements tragiques dans ce polar. Le suspens, la peur et la tension qui suintent de l’intrigue auraient pu être mieux exploités. L’ensemble reste assez gentil et Ludovic apparaît comme un grand naïf, tenace, pugnace mais naïf. Il me fait un peu penser au héros de la bande dessinée, Jérôme K. Jérôme Bloche. Même pas peur, me suis-je dit.

 

L’ensemble est d’une belle cohérence et la lecture aisée. C’est beaucoup. Rien n’est plus énervant de lire un livre, polar ou pas, dans lequel il faut sans cesse revenir en arrière pour savoir qui est qui et qui fait quoi, quand et où.

 

Le où précisément est ce petit village planté dans le Massif central dans la région stéphanoise que l’auteur nous décrit si bien. Faut-il y être né pour en supporter le climat ? J’en ai bien l’impression. 

 

C’est peut-être le paradoxe de « La morte des tourbières » : un polar plein de fraîcheur alors que l’histoire est plutôt glauque et sinistre. En refermant le livre, je me suis dit que c’était plutôt un polar destiné à la jeunesse.

 

Je ne peux que vous en recommander la lecture car tant que vous ne saurez pas ce qu’est « le nid de Lola », vous aussi pataugerez allègrement dans la sphaigne, autrement dit, vous n'irez pas bien loin.

 

 

La morte des tourbières

Jean-Louis Nogaro

Éditions du Caïman 2012

 

 

 

 

 

Publié dans Le noir français

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